"A notre gauche, à l'Ouest donc, derrière
la dune, se trouvent Porsguen, jolie crique, toute blanche comme son nom
l'indique, la Livre de beurre (lure a mend), curieux rocher cubique
drôlement posé en évidence et plus près de nous,
la grève des pêcheurs, Pors-Geffroy dont on aperçoit
les piquets tordus plantés dans l'eau. On les voit passer sur la
dune , ces marins embarqués hier sur les navires de l'Etat, redevenus
villageois aujourd'hui par amour de leur petite patrie. C'est qu'ils ne
connaissent guère l'ambition qui tourmente les hommes des villes,
ces modestes, et ils vivent sagement du produit de leurs pêches.
Leur épouse ou leur fille a, de bon matin, été rechercher
dans le sable de la gravette et ils partent eux mêmes à l'aube
avec les appâts de la veille (qu'on leur a gardés dans une
vieille boîte en fer blanc) vers les grandes bases, vers l'île
Vierge ou vers Ouessant qu'ils affronteront désormais plus aisément
depuis l'emploi généralisé du moteur.
D'autres jours, c'est la capture du goémon
qui les arrache à leur lit clos. Il faut alors les voir en culotte
de flanelle accompagner loin dans la mer, et jusqu'au cou même, leurs
chevaux et leur voiture rustique, dont ils chevauchent les brancards, celle-là
même qui servira demain à la moisson, à la cueillette
du trèfle où se lovera paresseusement peut-être la
couleuvre...."