Le château de Trémazan a une histoire:
Sous le règne de Judual, roi de Domnonée, lequel s'était réfugié pour lors en France à la cour du roi Childebert, environ vers l'an de grâce 525, vivait au Château de Trémazan un riche seigneur du nom de Galonus. Il avait eu de sa première femme, la belle Fleurance, fille d'Honorius, prince de Brest, deux enfants, Eode et Tanguy, que leur mère avait élevés en belles lettres et exercices séants à leur qualité. Mais la belle princesse, étant tombée malade, mourut subitement les laissant à la seule garde de leur père. Galonus qui était encore jeune et qui souffrait bien fort de la solitude de sa demeure, s'en fut en Angleterre chercher une autre épouse; il en ramena une dame riche et de bonne maison, amis infectée de l'hérésie de Pélagius et fort opiniâtre des ses erreurs. Cette nouvelle dame ne fut guère en son ménage qu'elle commença à regarder de travers les rejetons de la belle Fleurance. Elle les rudoya de paroles , maltraita de gestes et fit tant enfin que Tanguy, déjà grand, à qui le sang commençait à bouillonner dans les veines , obtint congé de son père, quitta le pays, monta sur mer, descendit en Neustrie et s'en vint par terre à Paris dans la cour du roi de France, où se trouvait déjà son souverain légitime. Il y passa douze ans, paraissant aux tournois et se signalant en tous lieux parmi les plus vaillants et les plus courageux. |
1.
Depuis, là seulement, pousse une fleur qu'on a applelée en
souvenir de l'évènement: bouzellou
an intron, (les boyaux de la dame)
2. Les sires du Chastel tiraient
leur titre de ce même donjon de Trémazan qui s'appelait dans
le pays Tremazan le Chastel; leurs armes se composaient d'un fascé
d'or et de gueules de six pièces avec la devise De vad e teui
tu viendras à bien. Ils ont toujours été plus français
que bretons.
Outre Bernard le Croisé, on
trouve dans leur généalogie un grand maître de la maison
du roi en 1449 et un grand panetier de France tué au siège
de Pontoise en 1441. Ils se sont fondus dans la maison de Rieux, puis leur
terre a passé aux Scepaux, aux Gondi et en fin de compte aux Gontaut-Biron.
Malgré la conversion de leur
premier ancêtre ils gardèrent dans le caractère je
ne sais quoi de féroce. On se souvient que c'est un Tanneguy du
Chastel qui, sur le pont de Montereau, asséna sur la tête
de Jean sans Peur le fameux coup de hache qui fit le trou par lequel, comme
le disait plus tard à François 1er le prieur des Chartreux
de Dijon, les anglais pénétrèrent dans le royaume
de France.